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Assemblée plénière,
Conférence des Évêques de France
Lourdes, 4-10 novembre 2000
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Archidiocèse de Papeete (Tahiti)

Interview Mgr Coppenrath

Le plus grand diocèse du monde

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Situé dans la partie orientale du Pacifique Sud, l'archidiocèse de Papeete s'étend sur la totalité de la Polynésie française, à l'exclusion toutefois des îles Marquises qui forment le petit diocèse de Taiohae.
Les 105 îles qu'englobe l'archidiocèse sont réparties sur une superficie d'océan comparable à celle de l'Europe. La paroisse de Mangareva, par exemple, se trouve à 1 800 km au sud-est de Papeete.
Pour situer ce morceau d'océan par rapport à des repères connus, disons que Papeete se trouve à 9 500 km de Tokyo, à 6 400 km de Los Angeles, à 6 000 km de Sydney, à 4 000 km d'Auckland et à 4 500 km d'Honolulu.
La population dépasse les 210 000 habitants dont environ 70 000 catholiques, le reste de la population se répartissant entre protestants de l'Église évangélique (légèrement plus nombreux que les catholiques) et des groupes minoritaires d'implantation ancienne : mormons, sanitos, adventistes. En revanche, pentecôtistes et témoins de Jéhovah sont arrivés depuis peu. Il y a aussi quelques milliers de non-baptisés, pour la plupart d'ascendance chinoise. L'ethnie polynésienne est largement majoritaire, le reste de la population se répartissant entre Européens, « demis » (Européens vivant dans le pays depuis plusieurs générations et plus ou moins métissés), Chinois, pour la plupart nés dans le pays. Mais ces groupes ethniques se mélangent de plus en plus par métissage.
Pour desservir les 82 paroisses, le diocèse ne dispose que de 28 prêtres dont 12 diocésains. Aussi, depuis les origines du diocèse, l'évangélisation et la pastorale reposent pour une grande part sur les laïcs. Les petites paroisses des îles ne reçoivent la visite du prêtre que pendant quelques semaines, une ou deux fois par an ; en temps habituel, la paroisse est donc confiée à des ministres laïcs qui dirigent le culte du dimanche et la prière des jours ordinaires, veillent à ce que la catéchèse des enfants soit bien faite, conduisent les funérailles, etc. Même dans les paroisses qui ont la chance d'avoir un prêtre résidant, ces ministres institués jouent un rôle important comme auxiliaires de la pastorale. Les diacres permanents sont au nombre de 22.
La liturgie est vivante, les laïcs s'engagent volontiers dans le service paroissial ou dans les mouvements comme la Légion de Marie, le Rosaire vivant, les Cursillos. Le renouveau charismatique connaît un développement important et chaque année les retraites spirituelles attirent plusieurs milliers de personnes, en particulier dans un centre de retraites spirituelles que le diocèse a construit dans un site magnifique.
Mais les influences païennes héritées du passé ne sont pas encore totalement disparues alors que de nouvelles influences consécutives à la mondialisation se manifestent déjà : sécularisation, matérialisme, philosophies orientales.
Un des domaines où l'éthique chrétienne a du mal à se réaliser est celui de la famille et des valeurs familiales. Il faut déplorer les ravages causés par le concubinage, les divorces et l'instabilité des couples. La consolidation de la famille chrétienne est donc un des objectifs prioritaires de notre Église. L'alcoolisme, la drogue sont aussi des plaies de la société polynésienne.
Mais l'Église fait face à tous ces défis avec détermination et optimisme.
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+Monseigneur Hubert Coppenrath
Archevêque de Papeete

 

La vie en Polynésie

Les visiteurs recherchent des paysages de rêve, l'éden ! Mais le touriste qui accepte la rencontre avec les Polynésiens découvre tout un art de l'accueil. Malgré deux siècles de bouleversements culturels, les hommes et les femmes de ce monde aquatique ont su conserver une autre manière de vivre, empreint de simplicité et du sens de l'autre.
Cinq millions de km2 d'océan d'où émergent 115 îles, c'est l'univers qu'il faut affronter pour assurer nourriture, soins, éducation, transports, pastorale, loisirs. On y distingue deux types d'îles : les îles hautes et les atolls.
Les îles hautes sont d'anciens volcans sur les flancs desquels les colonies de coraux ont formé cet anneau nacré protégeant les côtes du tumulte de l'océan. La côte Est, face aux alizés, est sauvage, l'érosion y est plus forte et souvent le récif a disparu. La côte Ouest, mieux protégée, présente des pentes plus douces. La frange côtière permet l'installation de villages. Les dépôts d'alluvions favorisent les cultures vivrières.
L'atoll, disait Guy de Larigaudie, semble un simple anneau posé là sur l'océan, bijou luxueux du Pacifique. Vestige d'une île qui a sombré sous le poids des accumulations de laves, il émerge à peine quelques mètres au-dessus du niveau de la mer, à la merci des tempêtes, des cyclones.

La vie sur un atoll est rude. Mais, grâce au zèle et à l'abnégation des pères des Sacrés Cours de Jésus et Marie, les Pomotus (habitants des Tuamotu) ont su garder foi et espérance. Bâtisseurs, ces missionnaires ont édifié de magnifiques églises, apprenant aux hommes les techniques de construction. Urbanistes, ils ont tracé des rues, érigé des murets blanchis à la chaux, donnant à chaque village un aspect coquet et typique. Agriculteurs, ils ont implanté des milliers de cocotiers - on estime à 50 000 hectares la cocoteraie polynésienne -, et aménagé des fosses pour les cultures vivrières. L'eau, élément de survie, est le bien le plus précieux. Chaque habitation a sa citerne d'eau douce, eau de pluie précieusement récupérée. L'électricité est produite par des groupes électrogènes ou des panneaux solaires.
Les biens de consommation arrivent de Tahiti par la goélette qui remporte coprah - noix de coco séchées - et poissons réfrigérés. La perliculture a considérablement augmenté le niveau de vie des atolls. De petits aérodromes permettent un désenclavement de nombreuses îles. La télévision a modifié le rythme de vie des Pomotus. Hélas, passant de l'économie de subsistance à l'économie de marché, beaucoup de familles ont perdu leurs repères. L'alcool produit également ses méfaits.
Cependant, il ne faut pas oublier les atolls de l'Est où la qualité de l'eau du lagon ne permet pas d'élever les huîtres perlières. Ces sont les îles les plus pauvres. Pêche et coprah sont les seules activités rémunératrices. Le revenu mensuel n'y dépasse guère 1000 FF. Certes, il n'y a pas de caisse de chômage, mais le gouvernement polynésien a mis en place un régime universel de solidarité prenant en charge l'ensemble des soins.
Tahiti et les îles de la Société ont également leurs « îlots » de pauvreté. Si, entre la route de ceinture et l'océan on trouve essentiellement les fare (maisons) cossus, cachés derrière des haies et des clôtures bien protégées, côté montagne, en fond de vallée, l'habitat y est plus simple, plus populaire. On y trouve des logements sociaux à loyers modérés mais aussi des constructions précaires, insalubres, où la promiscuité engendre son lot de problèmes sociaux.
Voilà la Polynésie, terre de paix et de contrastes, terre d'accueil et de souffrances, terre des hommes à évangéliser sans cesse.

 

Formation des prêtres et des laïcs

 

La Polynésie, dès l'époque du Vicariat apostolique de Tahiti fondé en 1848, a toujours souffert d'un manque chronique de prêtres et, très tôt, des laïcs ont été associés aux tâches d'évangélisation.
Des catéchistes ont été envoyés vers les Tuamotu de l'Est pour y apporter la foi et certains ont écrit avec courage et souffrance de très belles pages de l'histoire du diocèse.
Les laïcs se sont vus confier ensuite le soin de veiller sur de petites communautés que le prêtre visitait de loin en loin. Pour former ces catéchistes, une école avait été fondée. Ils y passaient trois ans avant d'être envoyés dans un poste. Après avoir rendu de grands services, cette école dut fermer dans les dernières années du xixe siècle, faute de prêtres pour en assurer le fonctionnement.
De nos jours, les ministres laïcs jouent toujours un très grand rôle dans la vie paroissiale, soit comme responsables de paroisses insulaires que leur curé ne peut visiter qu'une ou deux fois par an, soit comme auxiliaires là où la présence du prêtre est permanente. Le style d'école conçue par les anciens missionnaires n'était plus adapté à la vie moderne. Aussi, en 1970, une nouvelle école était fondée pour assurer la formation des ministres laïcs sous forme de sessions annuelles de quatre semaines. Le directeur actuel est un diacre entouré d'une équipe de professeurs laïcs, tous bénévoles, qui prennent sur leur congé pour enseigner.
Les bons résultats ont incité le diocèse à ouvrir en 1975 une école diaconale pour former des diacres permanents sur cinq ans. Les élèves ont deux heures de cours théoriques par semaine et sont formés sur le terrain, en vue principalement du ministère paroissial. Proches du peuple, hommes d'expérience, à la conduite éprouvée, les diacres permanents ont une grande place dans l'Église locale. D'autres écoles sont apparues : école de catéchèse, école de la foi, école de la foi pour les jeunes, école de musique religieuse et de liturgie.. Chaque année, aux alentours du 14 juillet, elles ouvrent leurs portes et les referment quatre semaine plus tard, regroupant un total de 500 élèves, adultes ou jeunes de plus de 16 ans et 50 formateurs.
Un des résultats a été de motiver les laïcs à s'engager dans les services d'Église, depuis l'évangélisation jusqu'aux services pour les pauvres et les marginaux. Les laïcs se sentent d'Église et veulent assumer une part des tâches confiées par Jésus à son Église.
Après avoir compté longtemps sur les religieux missionnaires, l'Église locale a compris un jour que si elle n'était pas capable de produire des prêtres, elle n'en aurait bientôt plus. Vu le peu de candidats, la difficulté à trouver des professeurs, c'était un défi d'une grande hardiesse, mais, grâce à l'aide et aux encouragements de la province franco-américaine des Oblats de Marie, le défi a été relevé, et, depuis 1992, date des premières ordinations, 11 prêtres sont sortis de ce séminaire. Le nombre des élèves augmente peu à peu et déjà deux agrandissements des bâtiments ont été réalisés. Un troisième a vu ouvrir son chantier en juillet 2000.
Lourde charge pour le diocèse, la formation des prêtres est cependant considérée comme une tâche prioritaire par tous, car la promotion des laïcs et l'ordination de 24 diacres permanents (deux sont déjà décédés) n'a fait qu'accentuer la souffrance des fidèles de ne pas avoir assez de prêtres pour assurer leurs besoins spirituels.

+ Monseigneur Hubert Coppenrath
Archevêque de Papeete

 

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