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Le temps liturgique : célébration de l’actualité du salut

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possible de percevoir comment la Pâque du Christ éclaire la question d’une manière absolument originale.

Le temps linéaire

À la suite du judaïsme, le christianisme a déployé une pensée du temps qui tout en se situant par rapport aux modèles archaïques, est en rupture fondamentale avec eux. C’est à bon droit que l’on a pu présenter les juifs comme « les bâtisseurs du temps », pour reprendre la belle formule de Abraham Heschel. Car à partir d’une pensée cyclique, ils ont opéré le passage à une pensée linéaire du temps. Les prophètes de l’Ancien Testament feront de l’histoire une théophanie. Le temps biblique est celui des interventions décisives de Dieu dans l’histoire et le passage de la Mer Rouge en est la figure par excellence. Certes la Bible ne délaisse pas totalement la conception cyclique du temps qui repose sur l’expérience empirique. On connaît le refrain du premier récit de la Genèse : « Il y eut un soir et il y eut un matin… » (Genèse 1, 5b.8b.13.19…) Le récit du déluge (Genèse 6, 5-9, 17) lui-même garde la mémoire d’une conception dans laquelle un grand retour à l’origine, se révélait régulièrement nécessaire pour recharger d’énergie vitale ce que la durée semblait épuiser. Mais dans ce récit, si le retour à l’origine demeure, ce n’est pas pour une nouvelle étape en attendant le prochain déluge, mais c’est précisément pour une alliance définitive comme l’atteste la promesse faite par Dieu lui-même où la formule « plus jamais » exprime parfaitement l’ouverture du cercle : « Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme (…) ; plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. Tant que durera la terre, semailles et moisson, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront jamais. » (Genèse 8, 21b-22) Certes également, les courants de sagesse et Quohélet en particulier, constatent à leur manière le caractère répétitif du temps : « Ce qui exista, c’est cela qui existera ; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Y a-t-il une chose dont on dise : Voilà enfin du nouveau !" – Non, cela exista dans les siècles passés. » (Quohélet 1, 9-10)

Il n’en reste pas moins que le temps biblique est un temps orienté, un temps tendu entre création et parousie, entre le « Au commencement » du premier verset de la Genèse, et le « Amen, viens, Seigneur Jésus ! » de l’Apocalypse (22, 20c). Le livre de la Sagesse lui-même montre déjà comment la Sagesse gouverne toute l’histoire du peuple de Dieu depuis Adam jusqu’à Moïse (Sagesse 10-19). Mais les Psaumes, surtout, exaltent la geste d’un Dieu qui, sans relâche, accompagne son peuple dans l’histoire : le psaume 135 (136), le grand Hallel récité à l’occasion de la Pâque, se présente comme une litanie d’action de grâces – scandée par le refrain : « 

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