Lettre d'information

Quand les hommes se rassemblent

contentera-t-on longtemps encore d’une simple ablution sur le front pour symboliser la plongée intégrale dans la mort du Christ et la résurgence en lui 7 Les célébrations de baptême resteront-elles familiales ou quasi privées, ou bien redeviendront-elles les temps forts de la communauté ? Alors comment nos lieux baptismaux en donneront-ils une assez ample expression ?

6. Le repas du Seigneur. Manger et boire ensemble pour "annoncer la mort du Seigneur" et sa résurrection est le signe majeur du culte chrétien. Avec la réforme liturgique en cours, le geste du repas, naguère très estompé, s’est peu à peu revalorisé. Néanmoins une partie de sa portée symbolique reste encore prisonnière de pratiques étriquées ou figées disposition matérielle des assemblées qui reste la même que pour la célébration de la Parole ; forme monumentale des autels et emplacement qui évoque plus le théâtre que le repas fraternel ; indigence des signifiants que sont le pain (hosties préfabriquées) le vin et ce qui les contient ; gestes étriqués et quasi utilitaires pour préparer l’autel, apporter le pain, le rompre ; rareté de la participation à la coupe, etc. Ajoutons que si les assemblées au lieu d’accueillir les seuls pratiquants ordinaires, redevenaient hospitalières à tout homme en quête de Dieu et étaient un lieu permanent d’initiation catéchuménale, il en résulterait que les participants de l’eucharistie (communiants) ne seraient qu’une partie de l’assemblée plus large réunie pour la parole et la prière. Ce lieu de la « messe » appellerait alors une plurifonctionnalité de son espace, plurifonctionnalité qui se trouve d’ailleurs déjà inscrite dans la nature différente des actions : accueil, parole, repas. L’espace du repas eucharistique devrait retrouver une symbolique plus riche. Créer l’espace de l’assemblée célébrante pour aujourd’hui et pour demain est une tâche singulièrement complexe. Il y faut toutes les techniques concernées. Celles-ci ne suffisent pas. Il faut le goût, le talent et l’art. Cela ne suffit pas encore. Il apparaît que pour offrir aux assemblées chrétiennes d’aujourd’hui les moyens justes d’exprimer leur foi dans des formes à la fois fonctionnelles et symboliques, humaines et évangéliques, qu’il s’agisse de poésie, de musique, d’images ou d’architecture, seuls ont chance d’y parvenir ceux qui auraient partagé de l’intérieur la vie de ces assemblées, par l’écoute de la Parole, par la prière commune, par la participation aux rites et aux sacrements. Tout, dans la liturgie, est acte d’Eglise. Tout doit être culte en esprit et en vérité.

Joseph Gélineau

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