Lettre d'information

Quand les hommes se rassemblent

celles-ci visent le plus souvent un effet utile, expérimentalement vérifiable, à court ou à long terme, exercice d’un métier, recherche scientifique, action sociale ou politique, loisir, santé. Ici, comme dans l’art le plus désintéressé, la tâche est « gratuite », non productive. Elle n’est pas inefficace. Mais son efficacité n’est pas immédiatement contrôlable. Le rite instaure l’homme comme sujet de relations.

Il ne s’ensuit pas que les assemblées et - leurs activités rituelles ne soient pas humaines. Elles le sont pleinement dans leur ordre. Se rencontrer, écouter un orateur et dialoguer avec lui, chanter, prendre un bain, manger et boire ensemble, s’éclairer, contempler des images, il n’est rien en tout cela qui ne soit humain et de ce monde. Il s’agit même - sauf détails rituels périphériques -des actions les plus communes et les plus fondamentales de l’existence humaine. La spécificité du rite chrétien ne tient pas à des gestes et symboles qui lui seraient propres. Elle vient de la foi du sens que prennent les signes et symboles pour le croyant en référence à Jésus-Christ, mort et ressuscité.

On doit même observer que le culte chrétien selon l’Evangile a joué, par rapport aux autres religions, un rôle certain de sécularisation et de désacralisation. Les Apologistes du 2ème siècle répètent nous n’avons pas de temple, pas d’autel, pas de sacrifices, pas de prêtres. Le temple païen était le lieu sacré de la divinité. En régime chrétien, le Seigneur est là où des croyants s’assemblent en son nom. Pour l’eucharistie, une simple table suffit, avec un peu de pain et de vin. Ceux-ci ne sont as comme tels offerts à la divinité, mais partagés en mémoire du Seigneur pour actualiser sa mort et sa résurrection. L’action se déroule sous la présidence d’un frère, qui n’appartient pas de soi à une caste sociale spéciale, mais qui a été ordonné à cette fin. Si certains détails des rites chrétiens apparaissent ésotériques et si d’assez nombreux comportements empruntés aux religions sociales, voire magiques, se rencontrent effectivement dans l’histoire du culte chrétien, cela est dû aux vicissitudes socio-historiques et à la rencontre des cultures ambiantes, mais non à l’essence du christianisme.

Pour le propos qui nous occupe ; il est parfaitement cohérent avec évangile que les chrétiens des premiers siècles se soient rassemblés dans leurs maisons et aient célébré leur culte avec les éléments communs de leur culture. On comprend aussi qu’aux siècles où s’est opérée une symbiose étroite entre la société du Moyen-âge, fortement sociale, et le christianisme, on ait construit des cathédrales, séparé les sanctuaires, fait des clercs un ordre à part, érigé des trônes pour les évêques, objectivé les actions du culte, multiplié les rites, et accueilli tous les arts au service de la religion. Reste à savoir

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