Lettre d'information

Quand les hommes se rassemblent

La liturgie est l’action collective symbolique d’hommes rassemblés. Ceux-ci ont à créer l’espace de leur célébration, à lui façonner un visage à l’image de ce qu’ils y accomplissent et y deviennent. C’est dire que les déterminations essentielles d’un espace destiné à la célébratïon découlent des actions symboliques majeures dont se compose le culte chrétien.

Mais avant d’examiner les rites, les actions à faire, il faut observer que les déterminations spatiales et plastiques issues des rites à accomplir ne se déduisent pas entièrement de la nature des gestes à poser. Elles dépendent à la fois de la culture ambiante et de la théologie en vigueur. Car l’usage d’un symbole est toujours intérieur à l’interprétation que lui donnent ses usagers. Là coupe de l’eucharistie doit pouvoir contenir du vin et on doit pouvoir y boire. Mais les choses changent si le prêtre seul boit ou si tous boivent si on veut mettre en valeur le calice précieux ou le simple objet de nos repas si le grand nombre des communiants exige un vase pour verser dans des coupes, ou si les préoccupations d’hygiène font adopter le verre individuel. Autre exemple l’autel sert à déposer le pain et le vin de l’eucharistie. Mais tout change si on tient à apporter la table au moment où commence le repas rituel si on veut que cet autel évoque la table au moment où commence le repas rituel si on veut que cet autel évoque la pierre des sacrifices anciens, ou un tombeau, ou le triomphe de l’eucharistie si on le destine surtout à l’exposition du Saint Sacrement ; si on y laisse ou non la réserve eucharistique, avec un tabernacle si le prêtre se tient face ou dos à l’assemblée ; si les communiants se regroupent autour de lui etc...

Tous les rites ont subi des surdéterminations venant des évolutions du sentiment religieux ; de la piété et de la théologie - évolutions issues de courants, soit populaires, soit réformateurs. En période de réforme et de ressourcement comme est la nôtre, la tentation est de revenir aux formes archaïques, réputées plus, pures, plus simples, plus « authentiques ». Mais c’est là aussi une vision simpliste des choses. Notre culture et notre théologie ne s’identifient pas à celles des Corinthiens auxquels St Paul donne ses directives pour l’eucharistie, ou à celles des assemblées rurales du 11ème siècle qui ont construit les merveilleuses églises que nous connaissons.

Il reste néanmoins valide et indispensable, pour chercher des solutions aujourd’hui significatives, de se référer d’abord aux gestes et comportements humains que supposent les rites.

C’est bien dans cette voie que s’est engagée la réflexion des dernières décennies en matière d’art sacré et d’architecture religieuse. Mais il est parfois arrivé que cette réflexion soit restée partiellement prisonnière de surdéterminations culturelles ou théologiques

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