2675 adultes seront baptisés au
cours de la célébration de la nuit du Samedi
Saint au dimanche de Pâques, pendant la Vigile pascale.
La plupart recevront la confirmation et, pour la première
fois, l’eucharistie.
La célébration des baptêmes d’adultes
mais aussi de jeunes et d’enfants à Pâques
manifeste davantage le sens profond de cette grande fête
chrétienne : c’est Jésus, le Christ qui,
par sa mort et sa résurrection, ouvre le croyant à
une nouvelle naissance pour vivre en Alliance avec Dieu. C’est
le don du Christ qui est chemin, vérité et vie.
Ces fêtes de Pâques sont aussi l'occasion pour
tous les chrétiens de renouveler leur fidélité
à leur baptême et à leur confirmation.
Qui sont ces nouveaux-nés
dans la foi ?
54 % ont entre 25 et 40 ans. Les femmes représentent
69% des catéchumènes. Leur démarche
est souvent en interaction avec les étapes de vie
de leurs enfants : (naissance, baptême, catéchisme)
mais aussi très liée à la préparation
du mariage.
Les catéchumènes sont le reflet de la société
française : toutes les catégories sociales
sont représentées. 80% vivent en milieu urbain
ou péri-urbain. 43% s’inscrivent dans une tradition
familiale catholique et 45% se déclarent sans religion
ou « ne sait pas ». Si la plupart d’entre
eux n’ont pas connu d’éducation chrétienne,
certains souhaitent être baptisés depuis leur
enfance.
Quelle est leur recherche ?
Dans une société de consommation qui leur
propose des moyens de vivre, tous partagent une recherche
de sens. Certains ont vécu des parcours difficiles
qui ont provoqué chez eux des questions sur le sens
de la vie, une blessure dans leur confiance. « C’est
ainsi qu’ils ont fait l’expérience mystérieuse
d’une présence et ont reçu la confiance
dans le Christ, la Vierge, les saints », explique
Mgr Boulanger, évêque de Sées et membre
de la Commission épiscopale pour la catéchèse
et le catéchuménat. Tous ont une grande soif
spirituelle. « Dans un monde saturé de son,
ils sont très sensibles au silence. Ils aiment se
recueillir dans les églises pour prendre du recul.
C’est parfois là qu’ils ont ressenti,
pour la première fois, la présence de Dieu.
» Une expérience parfois faite à travers
la rencontre de chrétiens : une grand-mère
qui les a marqués, des catéchistes, des chrétiens
engagés dans la société…
Comment sont-ils accueillis dans
l’Eglise ?
« Le chemin le plus difficile à parcourir,
c’est d’aller frapper à la porte de la
paroisse ou d’une famille chrétienne »,
remarque Mgr Boulanger. Si dans les premiers temps, l’appréhension
et la peur d’être jugés sont bien présentes,
tous sont ensuite touchés par l’accueil, l’écoute
des équipes d’accompagnement. « Certains
sont parfois véritablement écoutés
pour la première fois de leur vie. L’équipe
d’accompagnement devient le lieu de la confidence.
C’est là qu’ils ont fait l’expérience
de la prière, une prière personnelle s’adressant
au Christ. Il devient pour eux une personne vivante et aimante
et peut être le confident de tous les instants ».
Peu à peu les catéchumènes s'ouvrent
à d’autres chrétiens, d’autres
catéchumènes et découvrent l’Eglise
dans sa diversité.
Libre
d’aimer, prêt à aimer
Pendant mon cheminement vers le catéchuménat,
je me suis ouvert petit à petit aux autres, en
faisant confiance. Les échanges sont aujourd’hui
possibles avec beaucoup de liberté. Me sentant
libre, libre d’aimer, je suis prêt à
aimer l’autre tel qu’il est, avec ses différences
et ses défauts. Je pense m’aimer aussi,
et je peux aimer Dieu et aimer la vie. Notamment par
la prière, je veux aimer Dieu et aimer Jésus.
Dans l’avenir, je souhaite poursuivre cet échange
avec Dieu, cet engagement que je choisis pour Aimer.
Je pourrai répandre la Bonne Nouvelle, donner
la Vie à nos enfants, à mes enfants et
aux enfants de Dieu.
J’espère ressembler davantage à
Jésus, qui aimait l’humanité et
qui l’aime chaque jour. Je souhaite cheminer vers
Dieu, et avec Dieu, tout au long de ma vie. Recevoir
le sacrement de baptême m’aidera à
être capable de donner avec simplicité
et confiance.
Témoignage de Christian, catéchumène |
Quel est leur parcours ?
Il n’y a pas de parcours type vers le baptême.
« La majorité des catéchumènes
ayant entre 20 et 40 ans, ils sont dans une période
de leur vie où ils sont très sollicités.
Prendre ce temps est exigeant, souligne Dina Rizk, responsable
du catéchuménat pour le diocèse de
Toulouse et membre du conseil national du catéchuménat.
Le temps de l'initiation varie donc entre 2 et 3 ans ».
Au cours de ces années, les catéchumènes
prennent conscience des choix de vie et d’un combat
spirituel à mener. « Comme les catéchumènes
des premiers siècles, ils ressentent cet appel de
Dieu : « choisis la vie » face aux forces de
mort en tout genre qui parfois les écrasent. Ils
recherchent une qualité de vie, l’harmonie
avec eux-mêmes et la nature. Ils sont sensibles à
l’avenir de la planète. Ce qui est étonnant,
c’est qu’à travers leur découverte
du Christ et de l’Evangile, ils portent peu à
peu un autre regard sur la vie, sur la création,
sur la relation avec les autres », constate l'évêque
de Sées.
Quel défi pour l’Eglise
?
Les catéchumènes sont une source de vie pour
toute l’Eglise. Ces sources jaillissantes sont appelées
à irriguer la communauté toute entière.
De la même manière, l’expérience
de la communauté est essentielle pour un catéchumène.
Pas moins de 10 000 personnes s’investissent dans
les diocèses et les paroisses pour les accueillir
et les accompagner tout au long de leur parcours. Une dynamique
partagée par tout pasteur : « En tant qu’évêques,
nous les rencontrons personnellement avant leur baptême.
Leurs témoignages et les lettres qu’ils nous
adressent sont des trésors de foi. Ils sont véritablement
notre joie, » s’enthousiasme Mgr Boulanger.
Le défi des communautés chrétiennes
est aussi d’imaginer des propositions après
le baptême. « Ils sont venus demander le baptême
et prennent conscience une fois baptisés que, loin
d’être un aboutissement, c’est un commencement
dans leur vie de chrétien » rappelle Béatrice
Blazy, responsable du catéchuménat au sein
du Service de la catéchèse et du catéchuménat
à la Conférence des évêques de
France.
Les catéchumènes,
sentinelles de l’invisible
« L’enjeu du christianisme est bien d’apparaître
comme une nouvelle espérance pour notre monde
et une authentique renaissance. Nous retrouvons là
les enjeux du début de l’Eglise et du catéchuménat
du IIe, IIIe siècle, quand le christianisme apparaissait
comme une nouvelle espérance au cœur de
l’hédonisme païen de l’Empire
Romain déclinant. Les catéchumènes
d’aujourd’hui sont les sentinelles de l’Invisible
que l’Esprit Saint suscite pour notre monde. Dieu
continue de féconder son Eglise par des chemins
qui sont toujours mystérieux. Les accompagnateurs
en sont les premiers témoins. Au cours de la
nuit Pascale, la communauté chrétienne
rassemblée témoignera, à la suite
du Christ, que de la mort jaillit la vie et que des
ténèbres surgit la lumière ».
Mgr Boulanger, évêque de Sées |
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