Trahi par son disciple Judas, le Christ est
arrêté. Il est accusé de semer le désordre
par ses enseignements et surtout d’usurper le titre
de Messie, c’est-à-dire de Fils de Dieu envoyé
pour sauver les hommes. Interrogé par Ponce Pilate
(gouverneur romain de la région), flagellé par
les soldats, Il est condamné à être cloué
sur une croix – supplice alors réservé
aux criminels.
Chargé de la croix, le Christ gravit
la colline du Golgotha (littéralement « Mont
du crâne », autrement appelé « Calvaire
») et tombe plusieurs fois d’épuisement.
Crucifié, Il expire au bout de quelques heures. Descendu
de la croix par ses proches, Il est enveloppé dans
un linge blanc (le « linceul ») et mis au tombeau.
Les chrétiens sont appelés
au jeûne (qui consiste à se priver de nourriture
suivant l’âge et les forces du fidèle),
démarche de pénitence et de conversion, expression
de l’attente du Christ.
L’office du Vendredi Saint, appelé
« célébration de la Passion du Seigneur
», est centré sur la proclamation du récit
de la Passion (Évangile selon saint Jean 18, 1 - 19,42).
Il est proposé aux fidèles
un chemin de Croix qui suit les étapes de la Passion
du Christ.
Faire un chemin de
Croix ou communier en Église à la passion
du Christ ?
Eclairage de Mgr Michel Mouïsse
évêque de Périgueux et Sarlat, paru
dans la Revue Catholiques
en France N°36, mars 2008.
Nous assistons depuis quelques années
en France à un regain d’intérêt
pour les chemins de Croix. Cela se traduit aujourd’hui,
entre autres, par la multiplication de sa pratique dans
les villes - que ce soit à Paris, notamment à
Montmartre ou sur les Champs-Élysées, ou en
province -, à l’image de celui du Colisée,
à Rome, animé par le Pape lui-même,
ou en imitation de celui des pèlerinages dans les
rues de Jérusalem.
De même, poètes et auteurs
proposent des textes pour des chemins de Croix plus «
situés » dans la vie des hommes : malades,
monde du travail, ou en lien avec telle ou telle spiritualité…
Nous pouvons noter également une
transformation picturale (peinture évocatrice plus
abstraite parfois) des stations du chemin de Croix dans
les églises, en lien avec la vie du monde actuel,
et même l’ajout d’une quinzième
station ouvrant sur la résurrection de Jésus
qui ne peut être dissociée de sa mort.
Ainsi nous assistons au passage d’un
chemin de Croix, vécu souvent comme dévotion
privée, à un chemin de Croix vécu comme
manifestation publique de foi chrétienne au cœur
même des villes, montrant par là que les événements
de la passion du Christ ont un retentissement dans la vie
concrète des hommes.
Un engagement personnel
et communautaire
S’il est vrai que nous sommes témoins
aujourd’hui de la proposition d’une nouvelle
manière de vivre cet acte liturgique - et nous nous
en réjouissons - cela doit interroger nos Églises
diocésaines et, en leur sein, les diverses communautés
afin qu’elles deviennent de plus en plus signes de
la Pâque du Christ.
Alors comment ne nous sentirions-nous
pas invités, non pas à abandonner la pratique
individuelle du chemin de Croix, qui reste toujours valable,
mais à en faire aussi une démarche plus communautaire
et significative de notre foi commune au Christ, le Crucifié-Ressuscité
?
Plus profondément, ne sommes-nous
pas poussés - pour être fidèles au Christ
Pascal - à vivre cette pratique comme une communion
aux souffrances des hommes, si lourdes aujourd’hui,
à travers celles du Christ qui a été,
comme le dit saint Paul, « identifié aux péchés
des hommes, afin que grâce à Lui nous soyons
identifiés à la justice de Dieu » ?
C’est pourquoi notre célébration de
la Passion doit devenir, de manière toujours nouvelle,
« suite du Christ » sur le chemin pascal qui
est le sien.
Le chemin de Croix, aujourd’hui
comme toujours, ne peut plus être un simple spectacle
que l’on regarderait de l’extérieur,
mais il doit être un engagement personnel et communautaire
pour participer, en union avec le Christ, à sauver
ce monde aimé de Dieu .