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Ordonné prêtre à la Toussaint 1946 -
il a vingt six ans -, il est envoyé pour se former
à l'étranger.
Dix-huit mois de voyage, d'études, de rencontres à
Rome, en France (Paris, Marseille, Lourdes, Nord-Pas-de-Calais),
en Belgique, et la rédaction d'une thèse de
doctorat en théologie sur la doctrine de la foi selon
Jean de la Croix.
"Wujek"
Après huit mois de vie de campagne à Niegowic,
Karol Wojtyla revient à Cracovie, qu'il ne quittera
plus
jusqu'en 1978 ! Une vie sacerdotale dans une Pologne
qui devient communiste, laissée par les Occidentaux
aux mains de Staline. Ce sera pendant trente ans une lutte
incessante sur le terrain contre un pouvoir et une idéologie
s'efforçant par tous les moyens de limiter la liberté
de pensée et d'action de l'Église.
Deux ans vicaire à la paroisse Saint-Florian, Karol
Wojtyla s'investit aussi pleinement dans la pastorale des
jeunes, rapidement surnommé " Wujek ", mon
oncle, comme on le fait affectueusement dans les familles
polonaises pour un être cher.
Deux années (1949-1951) pendant lesquelles commencent
d'être publiées sous des pseudonymes des uvres
littéraires. Car Karol Wojtyla écrit aussi,
des poèmes et des pièces de théâtre
qui vont se succéder, autre manière pour lui
de méditer le mystère chrétien.
Carrière universitaire
Après deux nouvelles années d'études
consacrées à Max Scheler, il entame une carrière
universitaire, professeur de théologie morale à
la Faculté de théologie de Cracovie (1953),
hélas bientôt fermée par le pouvoir, puis
à la chaire d'éthique de l'Université
catholique de Lublin (KVL) qui devient un haut lieu chrétien
de résistance intellectuelle.
Karol Wojtyla mène alors de front cette activité
universitaire et une action remarquable auprès des
blessés de la vie de Cracovie et des jeunes, pour lesquels
il organise des retraites, des récollections, de longues
randonnées en montagne dans les Tatras, des ballades
sur les lacs de Mazurie, où la détente et le
tourisme servent de couverture à d'intenses réflexions
spirituelles.
C'est là, en Mazurie, qu'en août 1958, il reçoit
un télégramme : Pie XII le nomme, à trente-huit
ans, évêque auxiliaire de Cracovie auprès
de Mgr Baziak, successeur du cardinal Sapieha.
Totus tuus
Karol Wojtyla choisit sa devise épiscopale chez un
saint
français, Louis-Marie Grignion de Montfort,
découvert dans sa jeunesse : Totus tuus , Tout à
toi Marie, avec l'emblème de la Croix blanche sur fond
bleu, et au pied de la Croix, comme au Golgotha, le M de Marie.
Il est vite un évêque aimé de son peuple
; il publie son uvre éthique majeure Amour et
Responsabilité; il s'oppose avec fermeté, sans
jamais agresser les personnes, aux tracasseries et gestes
malveillants des autorités communistes.
L'année 1962 est un nouveau tournant. D'une part,
il devient en juin, à la mort de Mgr Baziak, vicaire
capitulaire de Cracovie, et tout le monde espère une
future nomination comme archevêque ; d'autre part, il
se prépare à acquérir une dimension plus
universelle en participant au concile Vatican II. Et il en
est, de 1962 à 1965, un acteur important.
Vatican II
Tant à titre personnel qu'au nom de l'épiscopat
polonais, il intervient à plusieurs reprises, en public
ou par écrit, sur la liturgie, l'Église, l'cuménisme,
la liberté religieuse, mais c'est au texte Gaudium
et spes sur l'Église dans le monde de ce temps qu'il
se consacre en priorité. Une intervention majeure,
où il impressionne ses frères évêques
par sa réflexion théologique et sa vision des
rapports Dieu-Homme-Monde, le fait appeler comme membre de
la sous-commission centrale chargée d'élaborer
le texte définitif.
Il en est, aux dires mêmes des experts qui aident les
évêques, un inspirateur décisif. Tous
ne cachent pas la forte impression faite par cet homme venu
de l'Est, quasiment inconnu, et pour dire cela, ils s'appellent
Henri de Lubac, Yves-Marie Congar, Bernard Häring, Jean
Daniélou
Successeur de saint Stanislas
Le 30 décembre 1963, au retour de son premier voyage
en Terre Sainte, il reçoit sa nomination comme archevêque-métropolite
de Cracovie, suivie en 1967 par la pourpre cardinalice. Une
période douloureuse en Pologne où un conflit
sévère oppose le pouvoir et l'Église
en pleine célébration du millénaire du
pays. A l'origine une lettre de l'épiscopat polonais
aux évêques allemands (décembre 1965),
analyse de l'histoire des deux peuples, qui se termine par
cette phrase : " Nous pardonnons et demandons votre pardon
". C'est aussitôt le tollé dans les sphères
du pouvoir accusant pratiquement l'Église de trahison
!
Premiers visés : le cardinal-primat Wyszynski, l'homme
de fer de l'Eglise polonaise, héraut intransigeant
de la liberté, et Mgr Wojtyla, auteur principal du
texte, qui doit affronter une basse campagne de dénigrements.
Il apprend vraiment là que le combat pour la purification
de mémoire, pour le repentance et le dialogue, pour
l'Histoire memoria futuri, n'est pas un long fleuve tranquille
Tout un programme pour celui qui devient le successeur de
saint Stanislas, assassiné par le roi Boleslas, le
Hardi, ayant osé dire non au totalitarisme.
Cracovie à l'heure conciliaire
Autant d'événements et de paroles qui sont
de plus en plus connus dans l'Église universelle, surtout
que le pape Paul VI, véritable protecteur de Karol
Wojtyla, le met en avant avec une sorte de détermination
prophétique. Il en fait un membre du secrétariat
du Synode des évêques, lui demande de tenir la
plume pour l'encyclique Humanae vitae, le consulte en permanence
quand il lance l'Ostpolitik, la politique d'ouverture du Saint-Siège
vers l'Est, et l'invite, en 1976, à prêcher la
retraite de carême au Vatican.
Travailleur infatigable, Karol Wojtyla met rapidement - trop
vite aux yeux de nombreux évêques polonais
- Cracovie à l'heure conciliaire.
Liturgie, apostolat des laïcs, recherche de nouvelles
expressions pastorales, soutien à la presse catholique
: il fait culminer tout ce bouillonnement dans une démarche
synodale. Sept ans de travaux sont prévus de 1972 à
1979, hommage au neuvième centenaire de la mort de
Saint Stanislas martyr en l'an 1079. Un synode qu'il ouvre
Karol Wojtyla et qu'il clôturera Jean-Paul II : successeur
de Stanislas au commencement, successeur de Pierre à
la fin.
Evêque de Rome
Le 28 septembre 1978, Karol Wojtyla est le matin à
Kalwaria Zebrzydowska, son sanctuaire préféré,
entre Wadowice et Cracovie, pour prier, seul ; puis en fin
d'après-midi il célèbre la messe dans
sa cathédrale du Wawel.
Ce jour est particulier : c'est le vingtième anniversaire
de sa consécration épiscopale.
La nuit suivante apporte à Cracovie, comme au monde
entier, une nouvelle inattendue : la mort, au bout de trente-trois
jours de pontificat, de Jean Paul 1er.
Rome, une nouvelle fois, n'avait plus d'évêque
par Jean OFFREDO
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