La béatification et la canonisation ne sont décidées qu'au
terme d'une procédure rigoureuse. Dès les premiers siècles
du christianisme, afin de faire cesser les abus qui s'étaient multipliés
tant les martyrs et les saints étaient populaires, les évêques
s'étaient réservé le droit de déclarer qui pouvait
être reconnu comme saint ; au XIIe siècle, dans le même souci,
le pape Alexandre III restreignit ce droit au seul souverain pontife, et au XIIIe,
Innocent III en définit les règles. Celles-ci connurent diverses
réformes au cours des siècles. Après avoir été
incorporées au code de Droit Canon de 1917, elles ne figurent plus dans
celui de 1983. La dernière réforme a été apportée
par Jean-Paul II avec la Constitution apostolique du 25 janvier 1983 (Divinus
Perfectionis Magister), destinée à simplifier la procédure
et à y associer davantage les évêques.
Deux ordres de faits doivent être démontrés
pour aboutir à une béatification ou une canonisation :
le rayonnement spirituel du Serviteur de Dieu après sa mort : c'est à
la fois un signe de sa participation à la sainteté de Dieu et l'assurance
que son exemple est accessible et bienfaisant au peuple chrétien ; les
miracles qui peuvent lui être attribués revêtent à ce
titre une grande importance.
son martyre ou ses vertus chrétiennes ; le martyre, c'est-à-dire
la mort subie par fidélité à la foi, est le suprême
témoignage que peut donner un chrétien, et il suffit à le
rendre exemplaire quand bien même le reste de sa vie ne l'aurait pas été
; quant aux vertus chrétiennes, elles sont, en l'absence de martyre, la
marque d'une foi vivante et la démonstration que la sainteté n'est
pas inaccessible à l'homme.
La procédure
La
procédure se présente comme celle d'un procès canonique.
Elle consiste d'abord en une enquête approfondie confiée à
l'évêque diocésain, puis en une décision réservée
au pape après un examen minutieux du dossier par un organisme spécialisé
du Saint-Siège, la Congrégation pour les causes des saints.
L'évêque
diocésain qui est saisi d'une demande de béatification ou de canonisation
(de la part d'un fidèle ou d'un groupe de fidèles), ou qui prend
de lui-même l'initiative d'engager la procédure, a pour mission essentielle
en l'occurrence de recueillir et d'examiner les preuves avancées en faveur
de la cause ainsi introduite. Celle-ci a un avocat, le postulateur de la cause,
choisi par celui ou ceux qui ont introduit la cause ; l'évêque recourt
pour sa part à des experts (théologiens) ; il fait entendre des
témoins, examiner les écrits du serviteur de Dieu s'il y en a, procéder
à une enquête sur son martyre, sur ses vertus chrétiennes,
sur les miracles avancés comme preuves. Une fois l'enquête achevée,
véritable instruction judiciaire, l'ensemble du dossier avec les conclusions
de l'évêques est transmis à Rome.
La décision
C'est alors la Congrégation pour les causes des saints (instituée
par Paul VI en 1965 ; auparavant ces questions relevaient de la Congrégation
des rites) qui va mener à son terme l'examen de la cause. Cette Congrégation
romaine, comme toutes les autres, est constituée d'un collège de
cardinaux et d'évêques présidé par un préfet
(un cardinal) assisté d'un secrétaire (un évêques).
Ce dernier dispose de rapporteurs et de consulteurs (historiens, théologiens)
pour examiner chaque élément du dossier, et en particulier les miracles
(pour l'étude desquels il sera en outre fait appel à un groupe de
médecins s'il s'agit de guérisons).
Dans le cours de la procédure
intervient le promoteur de la foi, sorte d'avocat général dont la
mission est de ne rien laisser dans l'ombre de la vie du serviteur de Dieu, y
compris tout ce qui pourrait être défavorable à sa cause (d'où
l'appellation d' "avocat du diable " qui lui est familièrement
donnée et qui est passée dans le langage courant). Après
délibération, la Congrégation se prononce par des votes à
propos du martyre, des vertus chrétiennes, des miracles ; s'ils sont positifs,
ils se traduisent par des décrets reconnaissant la réalité
des éléments indispensables à la béatification ou
à la canonisation. Le dossier est alors remis au pape à qui revient
l'ultime décision.
source
: THEO Editeur Droguet & Ardant/Fayard, 1998