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Les figures de l’autel en régime chrétien

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Les figures de l’autel en régime chrétien (Chroniques d’art sacré n°53, printemps 1998, p.6-10)

Héritages

Le monde gréco-romain où s’implante le christianisme au début de notre ère connaît des autels nombreux et variés. L’autel est l’élément central de la vie de la famille et de la cité, depuis le petit brûle-parfum domestique où l’on sacrifiait quelques grains d’encens jusqu’au monumental autel de Pergame avec ses sculptures impressionnantes. On peut encore voir à Syracuse l’autel gigantesque (199 m de long sur 23 de large) construit à la suite d’une victoire par le tyran Hiéron Il au IIIème siècle avant Jésus Christ, autel sur lequel on sacrifiait en même temps jusqu’à 450 bœufs, égorgés la tête renversée pour que leur sang rejaillisse sur la pierre. Dans la plupart des religions, l’autel est le centre du culte sacrificiel offert à un dieu, un signe de la présence de ce dieu. Chaque dieu a ainsi ses autels. Dans le Bassin méditerranéen à l’époque du Christ, les dieux et les autels fleurissaient, de toutes les tailles et de toutes les hauteurs.

Repas de communion, Rome, catacombe de saint Callixte

Dans la Bible aussi, on trouve des pratiques cultuelles liées à des autels (1). Posant un acte fondateur au Sinaï, Moïse jette la moitié du sang des victimes sur l’autel de YHWH, l’autre sur le peuple qui entre alors en communion avec Dieu (Ex 24,6 sq). Déjà, avant Moïse, les patriarches bâtissent des autels pour garder mémoire d’une visite de Dieu à l’homme : au chêne de Moré, après l’apparition du Seigneur et sa promesse, « Abraham édifia un autel à YHWH et il invoqua son Nom » (Gn 12, 7 cf aussi 13,18). Le Nom de Dieu, c’est Dieu même, et invoquer le Nom du Seigneur, c’est lui rendre un culte. La formule revient plus loin : à Beer-Sheva, Isaac connaît la même expérience d’une apparition de Dieu accompagnée d’une parole, à la suite de quoi il élève un autel (Gn 26, 25). Mais à Pétra, dans le lieu du plus ancien culte sémitique, qu’aurait pu connaître Abraham, on trouve trois éléments : devant, un bêma ou estrade pour la parole, au centre, une construction pour recevoir la stèle qu’on apportait en procession, et sur le côté, un petit autel avec une rigole pour recevoir le sang de l’animal sacrifié. L’autel n’est là qu’un étal de boucherie relativement secondaire par rapport à la stèle qui est le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple.

L’autel peut être simplement un rocher (Jg 6, 20), rappelant, comme chantent les psaumes, que « Dieu est le Rocher d’lsraèl » (Ps 30, 3 ; 61, 8 ; 72, 26). On fabrique aussi des autels de terre selon les indications du Code de l’Alliance rapporté en Ex20, 24 : « Tu me feras un autel de terre pour y sacrifier tes holocaustes et tes sacrifices de paix. En tout lieu où je ferai rappeler mon Nom, je viendrai vers toi et je

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