Lettre d'information

Oser proposer l’onction des malades

Parmi les sacrements pour les malades, l’Onction tient une place privilégiée. Comment envisager celui-ci sous l’angle particulier de la proposition, dans le sens de la Lettre aux catholiques de France ? Pour ce faire, nous avons demandé au père Marcel Aubrée, aumônier au CHU de Rennes de nous dire comment ce sacrement est proposé. Le contexte hospitalier dans lequel il intervient marque ses réflexions, d’autant que la réalité hospitalière évolue beaucoup entraînant le service d’aumônerie à de nouvelles adaptations. Au-delà des cas les plus fréquents vécus en aumônerie et nécessitant un discernement, à savoir les demandes ou appels d’urgence auprès d’une personne mourante, quelle proposition oser ?

Pour enraciner notre réflexion, voici deux faits parmi beaucoup d’autres.

M… vient d’être hospitalisé dans un service de neuro-chirurgie. Il a une soixantaine d’années. Il souffre d’une tumeur au cervelet et doit subir une intervention chirurgicale qui n’est pas sans risque. Tout le monde est dans l’inquiétude. Il est bien accompagné par son épouse ; et tous les deux sont des chrétiens pratiquants. L’épouse exprime clairement le souhait que son mari reçoive le sacrement de l’onction des malades avant l’intervention chirurgicale. Ce souhait est entendu par le mari. L’aumônier, une religieuse, mise au courant, accueille la demande et prend le temps d’expliquer au patient comment cela peut se faire, pour apaiser sa crainte. Quelques jours passent … Une relation amicale est vite engagée avec l’aumônier prêtre, au courant de la situation. Et dans un bon climat de relation et de prière, non sans émotion, la célébration est bien vécue avec le patient et les membres de sa famille.

L… est prêtre, curé de plusieurs paroisses . Il est hospitalisé depuis de longues semaines dans un service de maladies infectieuses. Longues semaines d’angoisse devant les incertitudes du diagnostic et la multitude des examens. Il a souvent des larmes, quand on lui porte la communion. Son état de grande fatigue assombrit un avenir possible de reprise… Tout doucement, au long des semaines d’hospitalisation, quelque chose est en train de bouger dans sa vie, dans son cœur ; quelque chose d’inavouable. À l’écoute de son angoisse, et après de nombreuses visites quotidiennes, je lui pose délicatement la question : « L… as-tu pensé à un geste de foi que nous pourrions partagé, dans la situation où tu es ? – Tu veux dire le sacrement des malades ? – Oui – Bien sûr, j’y pense depuis un moment, mais je n’osais pas. » La célébration est alors envisagée avec des personnes de son choix qu’il appellera lui-même.

Nous pourrions évoquer de multiples autres faits de proposition : Proposer relève d’une audace délicate ; Proposer relève d’une relation attentive ; Proposer demande de faire confiance au temps. Mais plus profondément,

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