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"La culture et le patrimoine culturel, chemins spirituels pour notre temps" P. Jean-Pierre Longeat

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jusqu’à produire un discours recueilli précieusement par l’interprète qui le livre au public. Mais en tout cela, rien ne se ferait si ne jouait cette inspiration qu’évoquent si souvent le peintre, l’acteur, le réalisateur, le danseur ou l’acrobate et dont ils ne peuvent guère rendre compte tant elle nourrit au fond d’eux-mêmes une si grande intimité avec l’indicible.

Dans le mot inspiration, il y a la racine de la spiration. Le latin spiratio traduit le souffle qui traverse nos vies. Ce souffle est comme le vent, un air en mouvement dont nul ne sait ni d’où il vient ni où il va, mais qui rend possible toutes nos actions, toutes nos pensées, tous nos sentiments. Si je ne pratique à chaque seconde, l’inspiration et l’expiration, je ne peux vivre, ma vie est toute entière fondée sur cette expérience vitale. A tel point même que certains courants de sagesse ont fait de l’inspir et de l’expir la base de leur recherche. En effet, il y a quelque chose qui ne vient pas de moi et qui, pourtant m’entoure de toutes parts et dont, malgré tout le désir de mon individualité, je ne peux faire l’économie : je respire et ce n’est pas moi qui me donne l’air dont j’ai besoin pour le faire. Par ailleurs, cet air que j’inspire, il est le même pour tous. Il se transmet de bouche en bouche. Il est notre bien commun constant. Il se matérialise dans la parole qui résume le don de moi-même envers autrui. Sans souffle, aucune parole n’est possible : le souffle est son véhicule, son moteur et sa teneur aussi, car c’est au souffle transmetteur que l’on reconnaît la pertinence d’une parole adressée, conjointement à son message.

Il y a donc en-deçà et au-delà du travail de culture, une ouverture, une déposition de soi pour accueillir l’inspiration du vent, du souffle, de la spiratio, de l’esprit. S’enfermer dans la seule réalité immédiate sans cette ouverture est se condamner à ne pas vivre à pleins poumons et se priver de porter l’intention du désir profond jusqu’à son terme. Une disposition particulière est indispensable pour favoriser cette ouverture. Cela aussi est un travail de l’éducation que l’on aurait tort de négliger. En son temps, Alexis Carel, dans son fameux essai « L’homme, cet inconnu » dont je n’ignore pas les limites, proposait que chacun consacre une demi-heure chaque jour, à faire silence en respirant profondément. Beaucoup d’entre nous pratiquent d’ailleurs la marche quotidienne en toute gratuité et en ressente les nombreux bienfaits. On se tromperait lourdement en pensant qu’un tel exercice ne fait travailler que les muscles du corps ; c’est aussi une aération de soi, une ouverture au souffle recréateur qui vient en quelque sorte rejoindre nos efforts à cultiver notre potentiel.

Les courants que l’on appelle spirituels rattachés ou non à une religion, ont à cœur de mettre en valeur cette disponibilité de l’être profond

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