relation a la même origine, on le sait, que le mot religion : nous sommes là au coeur d’un processus où peuvent se croiser les perspectives culturelles et religieuses. Si la religion comporte une part de culte, ce n’est certes pas pour s’y enfermer, mais pour exprimer la nécessité de tenir tout ensemble et la culture des hommes et le culte divin, c’est-à-dire l’attention à toute forme de transcendance qui nourrit l’inspiration des hommes. En effet, il ne servirait à rien de ne cultiver que la dimension verticale ou que la dimension horizontale. Les deux sont complémentaires : culture et culte prépare le terreau humain à recevoir la médiation de l’Esprit.
Quoi qu’il en soit de la foi religieuse, pour vivre une relation harmonieuse, les membres d’un groupe humain ne peuvent faire l’économie d’une certaine forme de médiation qui est un autre nom de la transcendance. La grande crise de nos sociétés n’est pas tellement celle d’une dépression économique que celle d’un rejet des médiations de transcendance. Cela se vérifie d’autant plus par l’usage des médias virtuels qui n’en sont que des substituts illusoires. Il ne peut y avoir de médiation efficace que dans l’expérience réelle du cœur, de la raison et du cœur. C’est le cas d’un idéal philosophique en constant débat, d’un art exercé de manière approfondi avec autrui, d’un sport réellement pratiqué sur un terrain ou dans un club, d’une foi religieuse engagée au cœur d’une communauté. L’urgence culturelle d’aujourd’hui est à la construction de la communauté dans le respect des personnes et leur proximité de paroles et d’action. Ainsi, nous ne serons plus seuls au monde, égarés sur un chemin inconnu. Nous connaîtrons le bonheur d’une main qui se tend, d’un regard qui croise le nôtre, d’une parole qui se dit comme une espérance folle. Une telle rencontre bouleverse le fond de notre être, elle atteint le centre vital, elle donne à désirer ultimement et permet d’échapper à la mort.
Cette voix qui invite, ce geste qui sauve et cette parole qui relève, s’élèvent au milieu d’un brouhaha incessant de propositions tellement bavardes qu’il n’est pas facile de les distinguer. Mais au-delà des doutes et des peines, je veux entendre, je veux courir, les ailes me poussent et je n’ai qu’à partager ce don immense jusqu’à rejoindre tout passant sur la route comme un amoureux fou. Si je dis cela ce soir devant vous, c’est que des hommes et des femmes me l’ont fait connaître ; je pense à ces pasteurs qui m’ont donné accès au trésor caché, je pense à ces professeurs qui ont fait grandir en moi l’intelligence de nos cultures occidentales, eux tous nous ont conduits à la vie comme on accouche les nouveaux-nés, je pense à ces amis en couples ou célibataires qui tant de fois, par leur seul témoignage, m’ont renvoyé à la réponse essentielle, je pense à ces
